« Le paysage est une empreinte, car il exprime une civilisation ; mais c’est aussi une matrice, car il participe des schèmes de perception, de conception et d’action – c’est-à-dire de la culture – qui canalisent en un certain sens la relation d’une société à l’espace et à la nature, donc le paysage de son écoumène. Et ainsi de suite, par d’infinies boucles de co-détermination (…)»
Augustin Berque
Paysage-empreinte, paysage-matrice : éléments de problématique pour une géographie culturelle
Berque Augustin. Paysage-empreinte, paysage-matrice : éléments de problématique pour une géographie culturelle
manifeste
D’abord un sol, sur lequel nous sommes jetés. Un sous-sol pour nous soutenir et un ciel pour nous hisser.
Être d’abord une oreille : une écoute attentive au(x) vivant(s) : aux galeries creusées avec obstination par les lombrics, au chuchotement secret des feuilles entre elles, au signal chimique de l’herbe fraîchement coupée, au ballon de football qui roule, roule et roule encore suivi par l’enfant hilare qui le course à toute vitesse.
Le vivant qui est partout et nous constitue.
Le paysage et ses êtres animés discutent, entre eux, souvent d’un langage inconnu de notre alphabet.
Trouver la bonne fréquence.
A qui ne désire pas les entendre, ils restent muets. à qui désire les entendre, le projet de paysage peut commencer alors, à pas feutrés.
L’atelier matrice est fondé par Flora Arènes, paysagiste-conceptrice dplg et Lucas Gevers, paysagiste-concepteur. Après plusieurs années d’expérience dans des agences de paysage, d’urbanisme et d’architecture, Flora et Lucas souhaitent développer leur propre démarche professionnelle afin de mettre en accord leurs valeurs et leurs interventions.
Le bien-fondé et le bien commun
Pour chaque situation donnée, l’atelier matrice aborde le projet à travers les différents prismes offerts par le métier de paysagiste : géographique, historique, social, écologique, botanique, artistique…
Chaque situation de projet est unique et complexe : les réponses doivent être locales et ajustées, in-situ. Pour chacune, les enjeux climatiques et écologiques seront intégrés et l’impact de nos aménagements sera interrogé. L’atelier a à coeur d’imaginer un aménagement « négocié » qui vise l’équilibre entre besoins des milieux naturels et besoins des milieux anthropiques.
. du récit : convoquer une lecture à la fois savante et sensible du paysage ; convoquer la poétique des espaces pour faire projet, écrire un récit commun : embarquer les acteurs dans l’histoire de leur territoire, formuler des ambitions justes et réelles.
. du sur-mesure : sortir des normes, des matériaux calibrés : utiliser des matériaux bruts, supports d’inventivités nouvelles et d’appropriations infinies. Chaque projet sera l’occasion d’inventer de nouveaux outils, méthodes de faire.
. du vivant : réintroduire et établir des continuités du vivant dans notre quotidien, c’est oeuvre vers une monde avec davantage de coopération entre humains et non humains. C’est prendre la mesure de la nécessité de composer avec le vivant dans toutes ses déclinaisons possibles.
. du prospectif : guider le projet sur le long terme (plan de gestion, préconisations) ; inscrire le projet paysager dans le temps long des dynamiques naturelles : renouveler le patrimoine arboré avec des essences variées aptes à résister à des conditions de sécheresse plus fréquentes, favoriser des milieux riches aptes à accueillir de la biodiversité sur la base des structures existantes, mettre en place l’éco pâturage pour une gestion plus durable des espaces libres (rapport joyeux aux animaux), etc…
. du militantisme, partout dans la mosaïque de nos territoires : faire projet pour l’atelier, c’est s’engager dans la valorisation du patrimoine ordinaire, celui de nos villages et nos petites villes, depuis trop longtemps laissés sur le bord de la route face aux modèles dominants des grandes métropoles. Quelles réponses pour les territoire ruraux ?